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François Duranton
CEO & Co-Founder
Il était une fois…
C’était l’été 2021. J’étais en famille dans un parc de loisirs nature, et les enfants passaient leur temps à la piscine. Ma mission de « surveillance » ne me consommant pas beaucoup de neurones, j’ai profité du temps « inactif » dont je disposais pour faire quelque chose que je prends rarement le temps de faire : réfléchir à ma vie 😊.
Avec Maxime, on avait cofondé en 2018 ZeTrace, un cabinet de conseil expert en commerce digital et en marketplaces, en forte croissance depuis le début. Avec des super valeurs, bcp de bienveillance, de vrais boys scouts. J’avais la santé, une vie de famille épanouie. Bref tout allait bien, dans le système de valeurs avec lequel j’avais grandi.
Pour autant, les rapports du GIEC alarmistes sur le climat s’accumulaient. La biodiversité était en chute libre. Les désordres écologiques majeurs se répétaient de façon de plus en plus rapide.
Et moi dans tout ça ? Depuis quelques années, à titre perso, je m’intéressais à l’écologie, je n’utilisais quasiment pas la voiture, prenais rarement l’avion, triais mes déchets, essayais de les réduire, etc. En revanche, à titre pro, j’étais le cofondateur d’une boite « super » qui aidait des entreprises à vendre plus. Plus de produits, donc plus de matière à extraire, plus d’énergie à consommer, plus de camions sur les routes, plus de sols à artificialiser, plus de déchets, etc.
Il y avait un vrai dilemme.
B-Corp
J’ai grandi dans un monde hors sol où l’abstraction des contraintes du physique et du vivant était une force : la capacité d’analyse, de modélisation, de théorisation à l’échelle, etc. Excel et Powerpoint sont (encore) pour moi ce que le râteau et l’arrosoir sont au jardinier : des outils du quotidien. Un quotidien désincarné, dans lequel je ne sais nommer que quelques espèces d’arbres, où je ne connais pas précisément les fruits et légumes de saison, et où je passe le plus clair de mon temps à regarder des écrans. Un monde où le mot « croissance » compte encore beaucoup plus que « circularité » ou « regénération ».
Toujours en train de surveiller la baignade des enfants, j’ai réalisé 2 choses :
L’effet de levier le plus puissant pour impacter la société (en dehors de la régulation), c’est l’entreprise, car elle a des collaborateurs et surtout des clients qui eux-mêmes ont des impacts
En tant que co-fondateur, j’avais la chance de pouvoir faire évoluer ZeTrace, si Maxime était ok. Retravailler ensemble qui nous étions, ce que nous faisions, et pourquoi.
Lorsque j’ai partagé ces réflexions embryonnaires à Maxime, il m’a tout de suite dit « Go ! ». Il avait beau ne pas cheminer de la même manière que moi, il a adhéré à la démarche, c’était un premier pas décisif.
A ce stade, nous n’avions pas vraiment idée d’où nous allions. Nous savions juste qu’il fallait prendre un nouveau chemin. Mais par où commencer ? Il nous fallait un fil rouge, pour ne pas tout écrire de 0. Nous avons décidé de passer la certification B-Corp (pour Benefit Corporation, les entreprises à impact positif). C’est la certification la plus reconnue internationalement, avec 200 points de contrôle sur 6 domaines :
Gouvernance
Collaborateurs.trices
Collectivité
Environnement
Clients
Exigences de transparence
B-Corp permet de s’auto-évaluer, et d’identifier des dizaines d’axes intéressants à creuser pour améliorer le niveau d’impact de l’entreprise. Nous avons jugé que c’était un bon point de départ pour nous.
Nous avons alors parlé du projet avec l’équipe, ce qui a libéré beaucoup d’énergie et d’enthousiasme : plusieurs collaborateurs se sont spontanément proposés pour participer. Un groupe de travail s’est constitué et se réunit tous les vendredis après-midi.
Assez rapidement, nous avons reçu beaucoup d’aide de l’écosystème, à commencer par une ancienne cliente, Sophie De la Roche, qui se lançait dans le conseil RSE et finance responsable, c’était et c’est toujours une aide précieuse ! Nous avons également bénéficié de l’aide du cabinet de conseil Suricats, qui était depuis 2,5 ans dans sa démarche de certification B-Corp, nous a accueillis et nous a open-sourcé ses documents de travail. L’ESN Norsys nous a aussi ouvert ses portes pour nous partager leur chemin depuis plus de 10 ans sur la performance globale (économique, environnementale et sociétale) et leur transition vers la permaentreprise (concept issu de la permaculture, similaire à celui d’entreprise régénératrice ou d’entreprise contributive). Et la plupart des personnes avec qui nous parlons de notre projet nous encouragent, voire identifient des pistes de collaboration, que nous soyons par ailleurs partenaires, confrères, concurrents, clients, etc. Les défis environnementaux et sociétaux auxquels l’humanité fait face transcendent les relations « habituelles » que nous avons avec notre écosystème, et nous rapprochent, dans la recherche d’un futur souhaitable. Evidemment, une fois que tout le monde aura fait sa part, la concurrence et les jeux de rôles reprendront leurs droits, mais pour le moment c’est très énergisant que de trouver cette fraternité, face à l’immensité de la tâche.
Après quelques mois de travail, nous avons formulé notre raison d’être, la colonne vertébrale de ZeTrace, celle qui nous anime et donne une cohérence à l’entreprise, aujourd’hui comme dans 10 ou 30 ans :
Accompagner la transformation
vers un commerce digital performant et durable.
En voici le décryptage :
Accompagner : la marque de notre métier de conseil
Transformation : ce qui nous anime (dans le nom ZeTrace, « Tra » est pour transformation)
Commerce digital : notre terrain de jeu (dans le nom ZeTrace, «ce » est pour Commerce Expérience)
Performant : ce à quoi on s’attache depuis le début 😊
Durable : notre challenge commun
Afin de protéger cette raison d’être, nous avons choisi d’aller un cran plus loin et de devenir entreprise à mission. Concrètement, cela consiste à inscrire la raison d’être dans les statuts, afin de la protéger dans la durée (par exemple en cas de changement d’actionnariat etc). Il faut également mettre en place un comité de mission, qui va évaluer chaque année l’atteinte des objectifs, et se faire auditer tous les 2 ans par un organisme indépendant. Ce n’est pas très complexe à mettre en place, comparativement à la certification B-Corp, et les 2 actions sont très cohérentes.
Alors concrètement, qu’est-ce que ça change pour nous ?
D’abord, il a fallu s’informer et se former. Nous avons mis en place des fresques du climat et du numérique systématiques, des formations à l’écoconception de services numérique, à l’analyse du cycle de vie, etc.
Nous avons redéfini nos offres pour les faire progresser sur 2 axes :
Accompagner nos clients vers des modèles d’affaires à impact : insérer autant que possible de la circularité, de la revalorisation de matière, des services pour prolonger la durée de vie des produits, etc, dès la phase stratégique en amont du projet
Aider nos clients à aller vers la green IT : less is more, low tech, inclusivité by design, appels d’offres avec critères RSE, etc.
Nous avons désormais des engagements et un organisme de contrôle. Un grand merci aux personnes inspirantes qui ont accepté notre invitation à faire partie de notre comité de mission 😉
Le plus dur reste à faire, mais comme beaucoup le disent en matière de RSE, l’important c’est le chemin…
Voilà mon témoignage, c’est un morceau de vie, un moment charnière. Je souhaite à chacun de trouver à sa façon, à son rythme, un alignement entre ses convictions personnelles et son job. Cela nécessite de déconstruire des apprentissages et de challenger des principes, pour moi c’est un vrai moment de déconnexion qui a été le déclencheur.
Et pour vous ? On s’en parle ?
François Duranton
CEO & Co-Founder